Le second facteur d'échec entrepreneurial : l'Ego
L'Ego est un facteur d'échec dans la vie en général.
L'Ego c'est la petite voix qui nous raconte une histoire, pour nous ou pour les autres. C'est un mécanisme psychologique qui vient nous permettre de vivre en-dessous de nos standards de vie et de le justifier comme si ce n'était pas le cas.
Les narcissiques concernés par leur image ne sont hélas pas les seuls à écouter leur Ego.
Si votre phrase commence par "Moi je", c'est de l'Ego. Si c'est une justification ou une posture pour rester dans une forme de médiocrité quelconque, c'est de l'Ego.
Malheureusement, l'Ego est capable de s'auto-entretenir, et il a tendance à s'installer.
Il a différents effets fâcheux dans le cas d'un dirigeant. Et notamment les trois que je vais évoquer ici.
Favoriser la procrastination
La procrastination, c'est de ne pas se mettre à faire ce que l'on sait que pourtant on aurait intérêt à faire.
L'Ego est un des principaux mécanismes qui alimentent la procrastination et la maintiennent.
Malheureusement, repousser ce qui est le plus opportun, voire ce qui est nécessaire, c'est dangereux dans le cadre d'une entreprise, et encore plus de sa croissance.
L'Ego est, à mon sens, le principal facteur qui maintient la procrastination vis à vis du développement de l'activité de l'entreprise.
Au choix :
- Ce n'est pas le moment / Quand je l'aurai décidé
- "Oui mais je ne sais pas faire ..."/ "J'attends encore < délai / événement >"
- "Je vais encore jouer un peu à Fallout 4 / Elite / XCom 2 / ..."
- "J'ai besoin de perfectionner < tel élément >"
- "J'ai besoin de me prouver / acquérir telle compétence"
- "Oui mais ça doit venir tout seul, de l'extérieur" / "il faut de la chance"
- "Je ne suis pas capable de faire mieux" / "Ca me va bien comme ça"
- "Il faut du temps"
- S'occuper à faire tout un tas de chose dont l'urgence réelle est fictive et qui ne vont que modérément affecter développement
Empêcher d'agir effectivement
En nous permettant de nous complaire dans une situation pourtant insatisfaisante, l'Ego va nous empêcher de voir la réalité telle qu'elle est, et de prendre la responsabilité d'agir d'une manière constructive.
- Se féliciter d'avoir empêché une guerre avec l'Allemagne en lâchant la Tchécoslovaquie.
- Lancer un grand plan de formation comme si c'était une solution efficace contre le chômage.
- Se raconter qu'on a mis un budget quand se pose la question du marketing ou de la commercialisation
- Se raconter qu'on est sur un secteur difficile, alors on a une bonne justification pour vendre avec de faibles marges.
- Se raconter que l'opérationnel est encore trop prenant, alors évidemment on n'a pas le temps de construire sa croissance et de penser au niveau stratégique.
Faire prendre des décisions à mauvais escient
Quand on écoute son Ego, on ne prend pas ses décisions à la valeur ajoutée.
- Recruter ou promouvoir celui qui nous flatte et nous fait sentir mieux
- Viser des récompenses ou des reconnaissances alors qu'elles prennent un temps fou et que bien d'autres projets utiliseraient plus rentablement notre temps
- Ecouter notre instinct de routine et éviter de trop changer les choses, parce que "c'est mieux / comme ça que sont les choses / hé moi ça fait 15 ans que je fais comme ça"
- Continuer à tout micro manager plutôt que d'apprendre à déléguer efficacement ("Hé, c'est moi qui fais le mieux"...)
- "Puisque je ne suis pas sûr, je vais rester modéré, et ne faire que ce que je peux surveiller/faire moi-même."
En savoir plus...
Eckart Tolle, dans ses ouvrages sur le moment présent, en parle comme d'un flot de pensée auto entretenu. Je vais un peu plus loin, notamment en le considérant comme l'équivalent de la mesure dans laquelle nous vivons en-dessous de ce que nous voulons, et donc comme la mesure de notre insuffisance et de notre malheur. Si vous voulez approfondir, je vous recommande un peu de lecture utile sur l'inconscient, et si vous lisez l'anglais, les fantastiques travaux du docteur Paul Dobranski.
Et vous, quelle histoire vous êtes vous raconté aujourd'hui ?